... Un auteur de contes de fées avait survécu

Publié le par Fantasimus

En exclusivité avant sa parution le mois prochain aux éditions Légendes de poche, nous faisons paraître sur ce blog un extrait du recueil Des contes pour notre temps du célèbre F. Grime.


L'élixir enchanté


Le château de la princesse Il était une fois un grand et riche royaume dont le roi désespérait depuis de longues années de n'avoir pas d'enfant. Alors qu'ils avaient depuis longtemps renoncé à toute postérité, la reine donna le jour à la plus jolie princesse qui fut. Le roi et la reine en furent si heureux qu'ils convièrent la moitié du royaume et de nombreux rois, reines, princes et chevaliers étrangers à venir se réjouir dans leur palais et fêter la naissance de la princesse. Ils invitèrent également les trois bonnes fées du royaume, afin qu'elles accordassent à l'enfant bonheur et prospérité tout au long de son existence. Ce fut une fête somptueuse qui dura des jours et des jours. Quand les réjouissances s'achevèrent, les trois bonnes fées se penchèrent sur le berceau de l'enfant et lui attribuèrent, chacune à son tour, un don très précieux : la première la beauté, la seconde la sagesse. Quant à la troisième, elle fit apparaître une petite fiole de cristal et prit ainsi la parole : « Princesse, que cet élixir vous apporte le bonheur : celui avec qui vous le partagerez sera votre prince charmant, et vous vivrez ensemble très heureux jusqu'à la fin de vos jours ». La bonne fée remit la fiole au roi et à la reine qui la conservèrent soigneusement.

 

La princesse grandit en faisant la fierté du roi son père qui formait pour elles les plus hautes ambitions. Quant fut venu le temps où son peuple le trouva trop âgé pour exercer le pouvoir, le roi confia le gouvernement du royaume à sa fille unique. Le jour où celle-ci fut en âge de trouver un époux, la reine lui remit la petite fiole de cristal que la princesse rangea précieusement en se promettant de s'en servir le moment venu.


Elle était devenue aussi belle que le jour et aussi gracieuse que l'aurore, gouvernait avec beaucoup de sagesse et de prudence le riche royaume de son père, et sa renommée s'étendait jusqu'aux confins de la terre.

 

Il se passa plusieurs années avant que la princesse, fort occupée par les soucis de son règne, pensât à rompre la solitude dans laquelle elle vivait. Elle fit alors quérir la fiole que lui avait offerte la bonne fée. Mais la princesse, qui était fort prévoyante et organisée, pour se réserver la possibilité d'utiliser l'élixir par trois fois, au lieu d'une seule, le répartit en trois parts égales dans trois petits flacons de même contenance.

 

C'est alors qu'un prince venu d'une contrée éloignée se présenta à la princesse et s'exprima ainsi : « Princesse, du jour où, dans mon lointain royaume, j'ai ouï vanter votre éblouissante beauté, je n'ai eu de repos avant que de la contempler de mes propres yeux. » Emue par ces propos, la princesse invita le prince à partager avec elle le premier des trois flacons d'élixir. Or la bonne fée, qui était très sage, avait versé dans la fiole juste assez d'élixir pour un seul usage. C'est pourquoi le prince et la princesse vécurent très heureux, jusqu'au jour où l'effet de l'élixir cessa de se faire sentir et où ils se séparèrent.


Quelques années plus tard un prince venu d'une autre contrée se présenta à la princesse et lui tint les propos suivants : « Princesse, du jour où, dans mon lointain royaume, j'ai ouï vanter votre prodigieuse sagesse, je n'ai eu de cesse que de la révérer moi-même ». Touchée par ces paroles, la princesse invita le prince à partager avec elle le second des trois flacons d'élixir. Ils vécurent très heureux, jusqu'au jour où l'effet de l'élixir cessa de se faire sentir et où ils se séparèrent.

 

Quelques années plus tard un autre prince venu d'un lointain pays passa par hasard dans le royaume de la princesse et lui demanda l'hospitalité. Ce prince avait pour femme une affreuse sorcière, qui, par l'effet d'un puissant sortilège qu'elle lui avait jeté, lui apparaissait d'une grande beauté et d'une profonde bonté. La princesse avait ouï parler de ce prince et de l'enchantement dont il était l'objet. Pour l'en délivrer, elle versa à son insu la moitié du troisième flacon d'élixir dans une coupe qu'elle offrit au prince, et but elle-même la seconde moitié. Le sortilège qui aveuglait le prince fut aussitôt brisé, et au même instant l'admirable beauté de la princesse le subjugua. Or ce troisième flacon contenait le fond de la fiole où l'élixir s'était concentré, et il se révéla ainsi suffisant pour le nombre d'années qui leur restait à vivre.


Le prince chassa donc sa première épouse, à qui il consentit de verser une rente, et partagea la vie de la princesse. Ils vécurent heureux, voyagèrent souvent, se marièrent et eurent un bel enfant.


Par Oniria

Publié dans Littérature

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A
Je suis toute émue par ce beau conte de fée, malgré son léger décalage avec les règles du genre... Heureuse princesse !
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A
Bel exercice de style et d'imagination que ce conte de fées moderne. Vous avez écrit ici ce que les studios Disney ont transposé récemment au cinéma. Votre travail est tout aussi brillant, bravo ! Un amateur de contes
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