... Nicolas Sarkozy n'avait pas été élu

Publié le par Fantasimus

A la demande de nos lecteurs, nous retraçons ci-dessous les incroyables évènements de ces derniers mois qui ont définitivement changé la donne politique française.

  L'hémicycle de l'Assemblée Nationale


En janvier 2007, les sondages d'opinion donnent Nicolas Sarkozy gagnant des élections présidentielles à venir. Le mois suivant, l'homme politique s'affiche en public avec la chanteuse Carla Bruni au parc Astérix. Cette ingérence de la sphère privée dans la campagne électorale semble déplaire aux français puisqu'à partir de mars, la plupart des sociétés de sondage changent leur fusil d'épaule en annonçant Ségolène Royal vainqueur incontesté des toutes proches élections.

 

Vers la fin de mars, la confusion médiatique est à son comble lorsque les deux candidats déclarent chacun, à deux jours d'intervalle, être l'apôtre du renouveau. Ils multiplient alors pendant une semaine les coups bas à l'endroit de leur adversaire : Nicolas Sarkozy se déclarant plus socialiste que Jean Jaurès, Ségolène Royal se voulant plus sévère que Jacques Chirac à l'égard de la délinquance. La droite et la gauche semblent plus que jamais unies dans le mic-mac incompréhensible de leurs points de vue historiquement divergents mais en l'occurrence réconciliables. A l'approche des élections, le principal danger pour les candidats est d'ailleurs, aux dires des analystes, l'abstention des français plus que la défaite elle-même.

 

Avril 2007. Le premier tour arrive. Les résultats tombent enfin. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont tous deux au coude-à-coude, aux alentours de 30 % des votes. L'apparition de Carla Bruni sur le petit écran des français semble avoir écorné l'avance que le candidat de droite avait prise en début d'année dans les sondages. François Bayrou, après avoir prôné « la continuité dans la discontinuité », ne recueille que les voix des professeurs de la Sorbonne (0,17 % des suffrages) qui furent sans doute les seuls à comprendre le slogan du candidat dont ils trouvèrent l'explication, d'après les rumeurs, dans un livre de cuisine grecque de l'époque pré-socratique.

 

Mai 2007. Le second tour est annoncé à grands coups de 20 heures télévisuels, de chroniques radiophoniques et autres débats blogosphériques. Entre Ségo et Sarko, la joute verbale est insoutenable. Le suspense est à son comble... Va-t-on, enfin, en France, connaître le vrai changement, et non pas le « changement, tout simplement » souhaité par Georges Pompidou en 1969, ni le « changement selon moi » que Valéry Giscard d'Estaing promettait aux français en 1974, ni même le « changement véritable » prôné par François Mitterand en 1981, encore moins le « changement pour de bon » de Jacques Chirac en 1995 ? Cette fois, nous disent les journalistes et politiciens de tous bords, c'est la bonne ! Le ping-pong électoral va payer.

 

A l'heure des résultats, c'est une douche froide qui s'abat au quartier général de l'ancien maire de Neuilly. Ségolène Royal est élue à une large majorité des votes avec 59 % des suffrages. Lors de sa première déclaration, la candidate remercie les femmes de toutes origines de l'avoir toujours soutenue et dédie avec élégance sa victoire « à la condition féminine » (dixit).

 

Dans la semaine qui suit l'investiture de la nouvelle Présidente de la République, la France d'en bas apprend la rupture de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Leur projet de mariage est évidemment annulé, au grand désarroi des lecteurs de Voilà. Nos confrères du Canard Ligoté nous ont donné une information particulièrement intéressante : Nicolas Sarkozy aurait annoncé son départ à sa compagne lors de l'entracte d'un des concerts de la chanteuse, qui aurait tenu malgré le choc à terminer son spectacle par respect pour le public.

 

Vers la mi-mai 2007, Ségolène Royal dévoile à la presse l'identité des membres du nouveau gouvernement. A côté des vieux briscards du Parti Socialiste, notamment Jack Lang et Laurent Fabius respectivement nommés à la tête du Ministère de la Citoyenneté Active et de celui du Déficit Public, Ségolène Royal s'entoure de nouveaux visages, peu connus du grand public mais fidèles depuis de nombreux mois à leur chef de file : Yves Jégart, Georges Marchier, Claude Farucci... Aussi étrange que cela puisse paraître, la nouvelle Présidente ne choisit qu'une femme, Armande Baubonne, Ministre du Travail Temporaire. Chose curieuse (!), elle est démise de ses fonctions trois semaines plus tard, officiellement parce que son profil ne convenait pas au poste, officieusement parce qu'elle aurait commencé à critiquer les décisions de Ségolène Royal. N'oublions pas de citer, à la tête du gouvernement, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande ayant en effet décliné l'offre de son ancienne compagne d'être Premier Ministre, déclarant au micro de Zap Info qu'il préférait se consacrer à modeler le nouveau visage du Parti Socialiste de l'après-élection. Choix qui lui fut sans doute difficile à prendre, mais qui fait montre d'une réelle audace politique à laquelle on ne peut que rendre hommage.

 

En juin 2007, dans ses premiers discours présidentiels, Ségolène Royal vante les mérites de la laïcité proactive, dont tout un chacun se demande encore aujourd'hui ce qu'elle signifie exactement, et surtout ce que la proactivité peut bien apporter à la laïcité. Elle engage avec courage une réforme en profondeur des institutions, dont la pierre angulaire consiste en la décision de supprimer la rente à vie accordée aux ministres. Cette question délicate est d'ailleurs supprimée de la nouvelle loi par l'Assemblée Nationale qui voit là sa première occasion de désavouer la Présidente.


LA carotte de glace

En septembre 2007, au retour d'une excursion tragique au Pôle Sud au cours de laquelle il a eu le malheur de perdre deux doigts (coincés dans une carotte de glace dont l'examen approfondi aurait dû apporter une preuve de plus du changement climatique), Nicolas Hulot déclare souhaiter que ce douloureux sacrifice ne reste pas vain. Il exhorte Ségolène Royal à lancer un grand débat national, une table ronde hexagonale sur la question cruciale du développement durable. Le Grenelle de l'Ecologie est ouvert. Sur fond de polémique au sujet du très polluant 4x4 de Nicolas Sarkozy, les discussions aboutissent finalement à un certain nombre de mesures fortes, parmi lesquelles la taxation des véhicules français de plus de 3 ans et de tous les véhicules étrangers sans restriction (ceux-ci étant réputés être moins écologiques). Cette annonce est applaudie par nos constructeurs automobiles.

 

En plein Grenelle, une déclaration présidentielle fait l'effet d'une bombe, éclipsant pendant quelques jours les discussions environnementales : Ségolène Royal choisit d'ouvrir son gouvernement à droite ! Elle tend la main à François Fillon, Jean-Pierre Raffarin et Edouard Balladur qui décident, « pour le bien de la France » disent-ils, d'accepter cette proposition. Cet épisode fait scandale. La presse n'a pas le temps de se repaître de ce remue-ménage politique qu'on apprend par un journaliste bien informé de Paris Set que l'acteur Jean Reno, pourtant connu pour être de droite, a été vu au bras de Ségolène Royal au Trocadéro. Quelques jours plus tard, c'est officiel : le couple est constitué.

 

Néanmoins, Ségolène Royal souhaite mettre sa vie privée de côté pour aider les français dans « leur lutte quotidienne contre la précarité » : le pouvoir d'achat devient son principal cheval de bataille dès janvier 2008. Elle propose de reverser 2 % de sa rémunération de Présidente aux Restos du Coeur. Ce geste fort est unanimement applaudi. Elle imagine également le SMS (Salaire Minimum de Solidarité) avec l'aide de son Ministre de l'Amitié Républicaine. Cela n'empêche pas le chômage d'augmenter de 11 % en 6 mois et l'inflation de connaître une spirale ascendante ininterrompue pendant la même période.

 

En juillet 2008, Ségolène Royal est aux premières loges de l'opération de libération d'Ingrid Betancourt. Elle se rend en Colombie en transport militaire et ramène saine et sauve l'otage franco-colombienne à Paris. A leur arrivée à l'aéroport, sans doute indisposée par les turbulences du voyage, la Présidente paraît plus fatiguée que sa compatriote. Un mois plus tard, elle est néanmoins d'attaque pour son déplacement officiel à Beijing à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, au cours de laquelle elle n'a de cesse de défiler en sandales roses sous les regards médusés des journalistes, pour, dit-elle, « donner du courage à nos sportifs ». Ce soutien présidentiel permet à la France de glaner quelques médailles de plus que le Tadjikistan dont l'équipe nationale avait devancé de peu la délégation française à Sydney en 2004.

 

Nous concluerons ces quelques lignes en souhaitant ardemment que le triennat présidentiel remplace bien vite le quinquennat actuel dont on constate chaque jour la vacuité des première et dernière années, la présidence de Ségolène Royal n'ayant pas fait exception... Elle aura pourtant été la première femme à gouverner la France !

 

Par Fantasimus

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K
Votre article offre certainement une destinée politique plus glorieuse à Ségolène Royal que sa reparution actuelle sur la grande scène comique du parti socialiste. Dommage pour elle que cela ne soit que pure fantaisie... et peut-être tant mieux pour nous, qui sait ?
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